29 novembre 2013, le départ est donné pour la double campagne
électorale, le second tour de la présidentielle et les élections
législatives cumulés le 20 décembre. Si la Commission électorale s’est
faite discrète, Andry Rajoelina et son ministre de l’Intérieur a réussi à
changer quelques dispositions du code électoral et contourner la
Feuille de route pour permettre au chef de la transition d’être le
visage de ses candidats à la présidentielle et aux législatives.
Il est le candidat virtuel et omnipotent de ces élections malgaches, car
son ombre plane à la fois sur la présidentielle et les législatives.
Il, c’est évidement Andry Rajoelina qui a revendiqué la paternité du
candidat Hery Rajaonarimampianina pour être tête d’affiche au second
tour avant d’enfanter 117 candidats à la députation. Non, il ne viole
plus la loi puisqu’il l’a changé une énième fois en sa faveur.
C’est par un décret pris en conseil des ministres que Andry Rajoelina a
décidé qu’il peut s’afficher physiquement et sur les supports de
communication des candidats. En tant que premier chef d’institution, il
se libère du devoir de neutralité et de réserve préconisé par la Feuille
de route. Tout cela parce que le président qu’il a renversé par le coup d’Etat militaro-civil de 2009 a participé de son exil en Afrique du Sud à la campagne de Jean Louis Robinson.
Avant même dont la loi ne soit changée, Andry Rajoelina devenu
homme-parti a déjà annoncé la couleur. La couleur orange est ressortie
pour rappeler non pas le semblant de parti TGV mais le mouvement
populaire qui a conduit au coup d’Etat de 2009. Une semaine avant le
début officiel de la campagne électorale, il s’affiche sur les
télévisions pour annoncer la présentation de ses candidats. Ces derniers
ont eux aussi profité du laxisme de la CENIT pour s’afficher sur des
larges panneaux publicitaires.
Ils seront 117 à essayer de se faire élire grâce au nom du chef de la
Transition. C’est pour la première fois que des candidats sont ceux d’un
individu, même pas d’une mouvance politique. Il est clair que Andry
Rajoelina veut garder le pouvoir par tous les moyens en mettant sous sa
coupe Hery Rajaonarimampianina, le candidat présenté par Kolo Roger et
Jules Etienne au premier tour. Il espère aussi avoir le contrôle sur le
poste de premier ministre qui, selon la logique politique, devrait lui
revenir.
Pourquoi les observateurs disent qu’Andry Rajoelina veut devenir un
premier ministre qui aura sous ses ordres le potentiel président de la
République si Hery Rajaonarimampianina se fait élire. Tout d’abord, on y
voit un scénario à la Poutine. Inéligible ou empêché d’être candidat,
il devient premier ministre et garde les rennes de l’Etat en plaçant son
poulain avant de briguer la magistrature suprême au prochain mandat.
Ensuite, les 117 candidats orange ne sont pas du TGV mais « Miaraka
amin’i Andry Rajoelina », avec la personne et non pas le parti qui a eu
le malheur d’avoir investi Edgard Razafindravahy comme candidat à la
présidentielle. Enfin, Andry Rajoelina a fixé une règle trop précise
pour ne pas être d’un pur calcul politique : si un parti ou un groupe
parlementaire a la majorité à l’Assemblée, il nomme directement un
premier ministre sans qu’un vote ne soit nécessaire.
Andry Rajoelina fait donc cavalier seul et écarte les alliés naturels de
Hery Rajaonarimampianina qu’il veut faire élire en intervenant
directement dans la campagne. Aucun des candidats crédités de 4% et plus
ne s’est prononcé en faveur du Hery Vaovao alors que Jean Louis
Robinson peut déjà compter sur le parti Vert de Saraha Georget
et le Hiaraka isika de Camille Vital. Tout le monde veut lutter contre
les candidats de l’homme-Etat qui veut régner sans partage dans sa 4ème
république.
Source: News 33
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